FREAKS !

L’humain porte, au quotidien, une série de masques, alternant et jonglant en fonction du milieu dans lequel il évolue, une éternelle et nécessaire adaptation à la vie en société qu’il a établie comme fondation incontournable de son développement et de son évolution.

 

Chaque situation amène un nouveau visage, un nouveau masque, de celui que l’on porte rigoureusement pour un rendez-vous professionnel à celui que l’on revêt avec allégresse pour plaire et séduire, ils sont innombrables, infinis même.

Parmi cette multitude de faciès, il y en a un qui effraie autant qu’il fascine : celui du monstre. Le monstre, celui qui n’est plus en raccord avec la norme, celui qui décroche complètement, de son physique à son comportement,

fait fuir la foule qui voit en lui une troublante dérogation à la rassurante normalité. Le monstre, cet inadapté, ce paumé, ce cinglé. La langue de Shakespeare a créé un mot pour le cerner : un « freak », littéralement une erreur, une bizarrerie, un monstre humain.

«Freak», un mot qui est devenu mouvement, la revendication de tous ceux qui réfutaient l’esthétique et la politique américaine dans les années 60.

Bien sûr, tout le monde ne se positionne pas aussi radicalement envers et contre tout. Pourtant, le monstre est toujours là, en chacun de nous, bien installé au fin de fond des méandres de notre être, confortablement lové, prêt à ressurgir pour faire détonner son étrangeté, son originalité, sa folie ou même parfois, malheureusement, sa violence…

L’artiste photographe Anne Milloux a décidé de prendre la voie d’une approche ludique pour capturer l’image de cet être, autant objet d’émerveillement, de crainte que d’étude scientifique, que tout un chacun héberge gracieusement.

Chaque cliché est un assemblage symétrique d’un demi-visage grimaçant, figé dans une ambiance obscure et close, à la manière d’une curiosité de cabinet translucide qui baignerait dans du formol noir.

La crainte et l’appréhension face à l’objectif sont balayées. Il s’agit ici de laisser s’exprimer le monstre pour le découvrir, après montage, en possession et contrôle intégral de notre visage.

 

La demi-face originelle se révèle difficile à déceler, et c’est ce que cette exposition participative vous fera découvrir. Les cartes sont rebattues, redistribuées, les règles du jeu inversées. On ne fait plus connaissance, dans un premier temps, avec le masque de bon paraître et de la bienséance, mais avec celui du saugrenu, du mordu, du biscornu, du farfelu, du tordu. De l’inattendu.

Le masque du monstre. Let the freakshow begin !

 

Article rédigé par Guillaume Kern


Des racines et des êtres

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